césarienne

L'enfant et le père/co-parent

L'enfant et le père

Vécu de l'enfant

Sans en avoir la certitude absolue, beaucoup pensent aujourd’hui que l’accouchement est déclenché par un signal venant de l’enfant en fonction de la maturité de ses poumons. Tout le processus de l’accouchement est intimement lié à des processus hormonaux dans le corps de la femme et de l’enfant.

Avoir passé par un temps de contractions rythmées et des flux hormonaux avant la césarienne ou être extrait du ventre de sa mère sans signes avant-coureurs, voire en extrême urgence, ne représente évidemment pas le même vécu pour le bébé. Il existe donc pour le bébé autant de situations différentes autour de la césarienne que pour sa mère et les conséquences peuvent également varier.

Selon le mode d’anesthésie choisi, le bébé sera d’un côté sous l’influence des produits utilisés et du stress vécu par la mère ce qui s’exprime par exemple par une augmentation de la fréquence cardiaque et des hormones de stress en plus ou moins forte dose. Mais il peut aussi se sentir seul et déconnecté de sa mère, spécialement en cas d’anesthésie générale.

Tous ces facteurs peuvent se traduire par des problèmes de respiration ou d’adaptation à la vie extra-utérine, même parfois une sorte d’état de choc, ou aussi des difficultés à téter. Ces difficultés seront la plupart du temps passagères, mais auront tout de même des répercussions sur le début de vie du bébé et du « bonding » (création du lien) avec sa mère. Les conditions d’accueil du nouveau-né au bloc opératoire ne sont pas très favorables: lumière puissante, température fraîche, mains et voix étrangères en premier contact, être emporté sur une table de réanimation pour des mesures plus ou moins invasives, être séparé de sa mère etc. Dans certains cas, le bébé sera placé en service de néonatologie pour une surveillance accrue.

Si le bébé présente des difficultés d’adaptation à son extraction de l’utérus, les mesures médicales pour l’aider sont évidemment précieuses et essentielles. Dans ce cas, l’intervention du pédiatre est nécessaire et peut se faire dans une salle annexe à la salle d’opération. Le tout nouveau père pourra suivre l’enfant dans la mesure du possible et les parents seront tenus au courant de l’évolution. Mais très souvent, le bébé se porte suffisamment bien à la césarienne pour ne pas être emporté tout de suite et la séparation d’avec la mère devrait être maintenue à un minimum de temps.

Il est facile d’imaginer l’effet du stress et de la peur sur l’enfant à naître et on n’est qu’au début des investigations pour comprendre les conséquences à long terme sur les enfants nés dans des circonstances particulièrement stressantes. De toute façon, cela ne ressemble pas beaucoup à l’accueil que la plupart des parents imaginent et souhaitent pour leur enfant. Vous trouverez plus loin des propositions pour aider votre bébé à s’y retrouver.

Vécu du père/co-parent

La place du père/co-parent dans les lieux de naissance est certes largement reconnue aujourd’hui, mais mérite tout de même de s’y préparer un peu. Cela peut se faire en couple bien entendu, et également dans un cours de préparation à la naissance ou un (encore assez rare) groupe de partage pères/co-parents.

Mais en matière de césarienne, on peut imaginer un certain soulagement du côté des pères/co-parents: si elle est programmée à l’avance, le couple peut se préparer et se soutenir en vue du jour J. De l’autre côté, ils peuvent s’organiser notamment avec leur employeur par rapport au congé. Si la césarienne se décide en cours de travail, cela signifie la fin d’un état d’impuissance relative et un passage à l’action. Si l’urgence de la situation devient prépondérante, leur stress et leurs angoisses sont énormes parce qu’ils craignent pour la vie des deux êtres les plus chers au monde.

Nombreux sont ceux qui appréhendent l’entrée en salle d’opération. Devoir se changer, enfiler des habits stériles, masque et chapeau, adapter son comportement à ce monde hautement médical et souvent inconnu demande un effort considérable et présente un facteur de stress important. Et c’est sans parler de la peur de ne pas supporter la vue de l’opération, les éventuelles odeurs, de tomber dans les pommes ….. En général, le futur père/co-parent sera pris en charge et rassuré par le personnel du bloc opératoire et on lui expliquera quelle place tenir. Une exception existe pour une césarienne sous anesthésie générale: dans ce cas, personne d’autre que l’équipe médicale est admise en salle d’opération.

Au niveau émotionnel, cette première heure n’est pas facile à vivre: le souci de leur femme opérée, l’émerveillement inquiet devant leur bébé, l’apparition de la fatigue cumulée quand la tension générale retombe, l’envie de vivre ce moment particulier à trois, l’envie d’avertir la famille de la naissance, se sentir seul et désemparé quand l’équipe médicale est occupée ailleurs ….. En parler après serait tellement utile, mais souvent d’autres occupations prennent rapidement le dessus et aussi, il reste difficile pour certains hommes de parler de leurs sentiments.

La page des témoignages est aussi là pour vous exprimer en toute liberté, peut-être juste en deux, trois phrases, avec vos initiales comme signature. Votre participation serait un enrichisssement inestimable pour tous les lecteurs et les lectrices ainsi que pour ce site. N’hésitez pas à me dire aussi comment je peux être plus juste dans la partie qui s’adresse à vous spécialement.

On peut dire que pour la femme, la naissance est un événement très corporel, qui la confirme et la conforte dans sa féminité quand tout se passe bien (« empowerment »). Mais pour un homme, la reconnaissance dans son rôle de père se fait plutôt au niveau social. L’important ne se situe pas dans le déroulement de la naissance et sa masculinité n’en est pas vulnérabilisée. Quant aux co-parents, il y a certainement aussi des enjeux intéressants à connaître et partager.

L’expérience et les différents récits de femmes montrent que leur écoute et leur patience par rapport au vécu de la césarienne de leur femme durent un certain temps, mais ensuite il faut « passer à autre chose, oublier tout ça, ne pas en faire un drame« . Cette attitude est presque inévitable parce que leur vie reprend son cours normal avec toutes les obligations professionnelles après quelques jours déjà. Malheureusement leur message  qui se veut consolant et tourné vers l’avenir, n’est pas reçu comme tel et il est en plus renforcé par l’entourage plus large de la femme: elle peut se sentir vraiment isolée et incomprise. Un décalage peut s’installer au sein du couple, le dialogue devenir difficile et un éloignement momentané en être la conséquence.

Français