césarienne

Soins de la cicatrice

La cicatrice d’une césarienne a une longueur de 10 à 15 cm environ et se trouve horizontalement au bord supérieur des poils pubiens (zone bikini). Dans le meilleur des cas, la peau cicatrise bord à bord et sans infection pour ne laisser en surface qu’un trait fin, d’abord rouge, puis rosé et finalement couleur chair. Certaines cicatrices vont verticalement du nombril au pubis, mais cela ne concerne qu’une minorité de femmes en occident.

Les soins de la cicatrice ne devraient pas s’arrêter avec le retrait des agrafes ou fils. Il est important d’expliquer aux femmes les soins de base: bien sécher la cicatrice après la douche, éventuellement avec un sèche-cheveux en « balayage » et ne pas porter de slips bas dont le bord supérieur risque de créer un frottement sur la cicatrice toute fraîche par exemple. Des slips en filet se trouvent dans le commerce et s’adaptent confortablement à toutes les silhouettes. Ils se lavent (à la main) et sèchent très facilement.

Pour éviter le plus possible la formation d’adhérences  (accolement de tissus corporels) dans la zone de la cicatrice, il est important de pouvoir se tenir droit rapidement et de bouger le plus naturellement possible. Ces adhérences peuvent causer à la longue d’autres soucis de santé tels qu’une mauvaise posture, des tiraillements dans le petit bassin ou des maux de dos. 

 

Les premiers jours surtout , en gardant les genoux très légèrement fléchis, il est plus facile de redresser le haut du corps sans créer de tensions dans les lombaires et sur la cicatrice. Votre respiration sera également plus facile et plus ample. Evitez de marcher légèrement pliée en avant comme on le voit fréquemment chez les femmes césarisées. 

Il faut éviter les mouvements de torsion du haut du corps qui sollicitent beaucoup les points externes latéraux de la cicatrice interne et peuvent être douloureux. Souvent les douleurs ressenties se situent à gauche et à droite au-dessus et plus à l’extérieur de la cicatrice de peau. 

Tousser, éternuer et rire est également inconfortable. Dans ce cas, soutenir la cicatrice avec les deux mains et contracter le périnée (l’entre-jambe) même légèrement peut soulager la pression et la douleur. Faire des abdominaux et soulever des charges lourdes est à proscrire absolument pendant les premières semaines. Demandez à votre sage-femme comment se lever correctement et quels exercices sont possibles.

Parfois la cicatrisation pose problème, notamment en cas d’infection ou d’hématome ou si les bords ne se joignent pas parfaitement. La suture peut lâcher par endroit et un écoulement de sang, de pus ou de sérosités se produire. Si le problème survient pendant l’hospitalisation, les soins peuvent commencer sur place avant d’être poursuivis à domicile par une sage-femme habilitée. Mais cela peut également arriver après le retour à domicile. Si une sage-femme est déjà prévue pour des visites à domicile, elle mettra en place tout ce qu’il est nécessaire. Sinon une consultation à la Maternité ou chez votre obstétricien s’impose avant de poursuivre les soins à domicile.

Après avoir évalué la gravité, il faut généralement drainer la zone concernée, la désinfecter fréquemment et ensuite laisser refermer la plaie petit à petit. Parfois un traitement aux antibiotiques est nécessaire en parallèle. Pour les femmes, cela signifie des soins et des changements de pansement fréquents, le souci d’une cicatrice partiellement ouverte et le besoin de se ménager encore plus. Mais après ce début de cicatrisation difficile et retardée, les autres mesures proposées ici prennent tout leur sens.

Au début, les femmes n’aiment généralement pas toucher voire regarder leur cicatrice, en partie à cause de l’insensibilité passagère (plusieurs semaines en tout cas) de la région notamment en-dessus. Observer la guérison et inviter les femmes à intégrer la cicatrice dans leurs soins quotidiens est un pas important aussi pour intégrer l’événement de la césarienne dans leur vie.

Parfois une « réparation symbolique«  peut se pratiquer autour de la cicatrice: la remercier pour la vie qu’elle a laissé passer, la caresser tendrement pour l’assouplir et lui donner vie, la prendre en affection car elle vous a permis de donner naissance. Laissez parler votre imagination pour trouver votre moyen individuel. Les cicatrices sont un signe visible de notre vie avec ses hauts et ses bas et, comme les bleus à l’âme, nous rendent uniques et précieuses.

Pour obtenir une cicatrice souple, vous pouvez appliquer de la crème et après quelques semaines, réellement masser et mobiliser la cicatrice avec des mouvements circulatoires et de haut en bas en « zigzagant ». Vous devriez également étirer la cicatrice dans le sens de sa longueur. Idéalement, vous arriverez à faire rouler des parties de cette zone entre vos doigts pour augmenter l’effet du massage en profondeur.

Il existe des crèmes spéciales comme le Gorgonium onguent, Contractubex, Keli-Med Crème ou Dermatix Ultra Gel (voir pour la prescription avec votre médecin), Cicaplast de La Roche-Posay ou Cicalfate d’Avène (voir au rayon « cosmétiques ») pour traiter les cicatrices. Si vous souhaitez utiliser une huile pour le massage, préférez une huile riche qui contient du jojoba ou l’huile de germe de blé. Les crèmes que vous avez utilisées pendant la grossesse contre les vergetures peuvent également encore trouver une utilisation pour votre cicatrice. Commencez dès que les dernières petites croûtes sur la cicatrice sont tombées, donc généralement après 2 à 3 semaines.

 

Particulièrement pour les femmes un peu rondes, la transpiration dans la zone de la cicatrice peut poser un problème d’humidité, d’irritation et d’odeur désagréable: rafraîchir la cicatrice à l’eau et la sécher sera la base des soins. Un sêche-cheveux vous rendra service surtout les premiers temps de la cicatrisation: balayez la cicatrice avec le flux d’air et votre peau sera bien sêche avant d’appliquer tout autre produit. L’application d’un talc très neutre (à demander en pharmacie) vous aidera à garder un environnement plus sec à votre cicatrice.

De manière générale, ce n’est pas un luxe de montrer votre cicatrice à un physiothérapeute, ostéopathe ou acupuncteur dans les trois premiers mois pour vérifier ou améliorer la mobilité de la cicatrice et décoller les éventuelles adhérences. Un drainage lymphatique peut également s’avérer favorable à la récupération post-opératoire, spécialement quand le bas-ventre semble être comme « engorgé ».

 Pour ma part, je suis en mesure de vous proposer un traitement au laser doux pour faciliter la cicatrisation et le rétablissement des tissus ainsi que de « taper » les cicatrices après leur guérison. Le taping est bien connu dans le domaine sportif et permet un certain nombre d’applications dans l’obstétrique également : cicatrices, maux de dos, engorgements, soutien du ventre pendant la grossesse entre autres.

Une césarienne ne protège pas automatiquement des soucis d’une faiblesse du périnée (plancher pelvien) sous prétexte qu’il n’y a pas eu de passage vaginal. La grossesse sollicite déjà fortement le plancher pelvien et je ne peux que vous encourager à rendre tonicité et force à votre périnée – il est au centre de votre feminité et de toute votre allure. Surtout ne faites pas d’exercices avec les abdominaux sans avoir renforcé le périnée. Les sages-femmes pourront vous conseiller, un cours spécifique de gymnastique postnatale existe peut-être près de chez vous et si cela ne suffit pas, parlez-en à votre gynécologue pour une prescription de rééducation périnéale.

Depuis quelques années, on voit se développer des méthodes plus globales dans le cadre de la périnatalité. C’est-à-dire que l’approche et la prise en charge se font aussi bien au niveau du corporel, de l’émotionnel que du verbal. Comme très souvent les femmes essayent de s’en sortir plutôt “dans la tête”, elles apprennent ici à retourner dans leurs sensations corporelles par des touchers, des exercices, de la respiration pour laisser monter en surface des émotions enfouies et mal digérées. Dans l’idéal, elles se libèrent des tensions que le vécu difficile a créé dans leur corps, très souvent autour de la cicatrice. Renseignez-vous sur des méthodes existantes en cherchant précisément des praticiennes spécialisées dans la périnatalité.

 

On peut supposer qu’un certain nombre de douleurs au dos sont en lien avec la/les cicatrice(s) de césarienne plus ou moins anciennes. Je n’ai connaissance d’aucune étude sur les effets à long terme des césariennes sur la santé des femmes, mais mon expérience personnelle et l’écho des praticien(ne)s du domaine paramédical vont clairement dans ce sens. Vos témoignages sur cet aspect pourront donner plus de lumière et des pistes à explorer.

Toutes les démarches proposées peuvent se faire même longtemps après les interventions et vous pouvez toujours encore obtenir des améliorations.

Français