césarienne

Vécu de la mère

Donner naissance est pour la femme un événement qui sollicite son être entier, son corps, son mental et son âme. Se préparer mentalement et physiquement à laisser faire cet extraordinaire travail dans son corps et l’accomplir le mieux possible, la renforce à ses propres yeux en tant que femme et mère. Ne pas pouvoir l’accomplir ou seulement partiellement peut fortement la déstabiliser dans l’intégration de son rôle de mère et/ou dans la reconnaissance de sa féminité. Les bouleversements émotionnels sont forts et complexes.

Une chose est frappante quand on discute avec les femmes qui ont eu une césarienne:

elles se rappellent, parfois de longues années après, d’une remarque de leur entourage qui les a blessé tout particulièrement:

Donner naissance est pour la femme un événement qui sollicite son être entier, son corps, son mental et son âme. Se préparer mentalement et physiquement à laisser faire ce formidable  travail dans son corps et l’accomplir le mieux possible la confirment à ses propres yeux en tant que femme et mère. Ne pas pouvoir l’accomplir ou seulement partiellement peut fortement la déstabiliser dans l’intégration de son rôle de mère et/ou dans la reconnaissance de sa féminité. Les bouleversements émotionnels sont forts et complexes.

Une chose est frappante quand on discute avec les femmes qui ont eu une césarienne: elles se rappellent, parfois de longues années après, d’une remarque de leur entourage qui les a blessé tout particulièrement:

   » Ton bébé et toi, vous allez bien – qu’est-ce que tu veux de plus? « 

Et même si les premières semaines avec le bébé et les exigences de cette nouvelle vie poussent les femmes à refouler ce qu’elles ressentent vraiment, elles savent intimement que quelque chose d’important leur est arrivé. Si la remarque ci-dessus les blesse autant, c’est parce qu’elle ne tient pas compte du vécu de la maman, qu’elle le gomme même. Les femmes ont très souvent conscience que la césarienne représente une « coupure » dans leur vie. Elles sont atteintes dans leur chair, mais parfois aussi dans leur être profond. Pour quelque raison que ce soit, la voie naturelle n’a pas été respectée, leur rêve ne s’est pas réalisé, leur corps a été blessé, les a comme abandonné.

Au niveau rationnel, la césarienne peut être reconnue comme médicalement indiquée, nécessaire et vécue comme un soulagement au terme d’un travail épuisant, douloureux, inefficace et chargé d’angoisse. Mais le corps et le coeur peuvent tout de même être révoltés, déçus, blessés, traumatisés, dépassés, coupables, angoissés, douloureux, tristes …. Pour nommer ces émotions, la liste des adjectifs est aussi longue qu’il existe de vécus différents.

On pourrait dire que la femme déçue par sa césarienne doit faire le deuil d’un rêve, d’un projet. Et c’est ainsi qu’elle peut vivre des phases de choc, de déni, de culpabilité, de colère et peut-être de dépression. C’est un processus qui peut lui donner l’impression d’être démotivée et vide d’énergie un certain temps avant d’aboutir finalement à l’acceptation de ce qui s’est passé et à l’ouverture de nouvelles perspectives. Ce processus n’est pas une grande ligne droite bien délimitée et réclame du temps et de l’énergie. Mais il permet de reconnaître sa souffrance et de lui donner de la place pour ensuite la surmonter. C’est peut-être aussi la seule issue pour pouvoir donner naissance une nouvelle fois dans d’autres circonstances.

Une césarienne programmée est plus facile à intégrer dans son vécu parce qu’elle donne à la maman le temps de s’y préparer psychiquement et de s’adapter à la situation. Mais ce n’est pas une garantie et le manque d’informations peut là aussi donner des surprises. Elles sont souvent étonnées de sentir autant les gestes et manipulations du ventre pour extraire l’enfant par exemple.

Par contre, les césariennes en urgence augmentent clairement le risque d’un vécu difficile. Dans ce cas, il y a une très grande perte de contrôle et un énorme stress par rapport au danger pour la mère et/ou le bébé et il est parfois difficile de comprendre ce qui est arrivé. Et l’équipe médicale doit agir au plus juste, au plus vite – n’a donc pas le temps pour de grandes explications. Un débriefing post-opératoire s’avère presque indispensable dans une telle situation et est souvent proposé de nos jours.

On pourrait dire que la femme déçue par sa césarienne doit faire le deuil d’un rêve, d’un projet.  Et c’est ainsi qu’elle peut vivre des phases de choc, de déni, de culpabilité, de colère et peut-être de dépression. C’est un processus qui peut lui donner l’impression d’être démotivée et vide d’énergie un certain temps avant d’aboutir finalement à l’acceptation de ce qui s’est passé et à l’ouverture de nouvelles perspectives. Ce processus n’est pas une grande ligne droite bien délimitée et réclame du temps et de l’énergie. Mais il permet de reconnaître sa souffrance et de lui donner de la place pour ensuite la surmonter. C’est peut-être aussi la seule issue pour pouvoir donner naissance une nouvelle fois dans d’autres circonstances.

En règle générale, une césarienne programmée pour raison médicale est plus facile à intégrer dans son vécu parce qu’elle donne à la maman le temps de s’y préparer psychiquement et de s’adapter à la situation. Mias ce n’est pas une garantie et le manque d’informations peut là aussi donner des surprises. Elles sont souvent étonnées de sentir autant les gestes et manipulations du ventre pour extraire l’enfant par exemple.

Il serait intéressant d’évaluer le vécu des femmes qui choississent une césarienne de convenance, donc sans indication médicale. Ne se sentent-elles pas obligées en quelque sorte de bien vivre cette expérience choisie de leur plein gré? Et quel dilemme vivent-elles en cas de complications dues à la césarienne pour elles-même et tout particulièrement pour leur bébé?

Dans les entretiens individuels ou les groupes de paroles, l’expérience montre que la femme cherche souvent à mieux comprendre ce qu’elle a vécu quand elle se trouve en attente d’une nouvelle naissance. Les souvenirs heureux et douloureux remontent à la surface et stimule la femme (ou le couple) à s’informer, à vouloir comprendre et à changer leur approche par rapport à la mise au monde de ce nouveau bébé. Comme l’état de grossesse induit naturellement une sorte de perméabilité psychologique (sensibilité à fleur de peau), c’est un moment très propice pour faire un travail sur soi et de se préparer autrement, plus en écoute avec son corps et son intuition, à la nouvelle naissance. Souvent les femmes changent de médecin et du lieu de naissance à ce moment-là. Leurs questions deviennent plus incisives et elles demandent une autre place dans la prise des décisions. Elles deviennent beaucoup plus attentives au respect et à l’écoute qu’elles rencontrent sur leur chemin.

Pour les professionnels de la naissance, cela représente parfois un défi de sortir de la routine d’une surveillance de grossesse et/ou d’un accouchement, de se remettre en question et d’accorder du temps supplémentaire, mais tellement précieux aux femmes/couples.

Et le vécu spirituel ....

Il peut être nécessaire pour une femme de placer l’événement de la césarienne dans un contexte plus large et de voir quel sens lui donner dans l’histoire de sa vie. Beaucoup de questions peuvent surgir: qu’est-ce que j’ai fait pour mériter « ça »?  Pourquoi moi? Comment surmonter cette blessure, ce sentiment d’être incapable, nulle? Etait-ce inévitable ou suis-je fautive quelque part? Fatalité ou destin? Comment accepter ce qui m’arrive? A quoi cela sert? Peut-il y avoir du bien à la fin? Qu’est-ce que cet événement veut m’apprendre sur moi-même?

Nous vivons dans un monde multi-culturel et chaque culture a ses propres valeurs et ses propres ressources dans des situations difficiles de la vie. Il arrive bien souvent aussi au sein d’un couple que deux cultures se côtoient, s’entrechoquent éventuellement, mais surtout s’enrichissent mutuellement. 

Essayer de comprendre, oser s’écouter vraiment, se donner le temps et les moyens pour voir quelle « réparation » est nécessaire et possible et comment intégrer tous ces changements dans notre quotidien, est une étape importante après tout événement douloureux dans la vie et peut être un processus de longue haleine. Chacune doit trouver son propre chemin, son propre rythme et ses propres ressources.  Il n’y a pas de recette universelle, mais la démarche nous rapproche petit à petit de notre être profond dans toutes ses facettes. Et demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais de sagesse.

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